L'HABITATION-ATELIER CHARLES SPINETTE  [1962 › 1963]

La maison Spinette s'élève à proximité de la maison et du dépôt de bière Michaux, isolée dans les champs sur la route de Saint-Symphorien en direction de Binche. Constituée d'un volume en « L » ouvert recouvert d'un toit qui en exalte le caractère plastique et rustique, la maison comprend en fait deux parties: dans l'aile disposée parallèlement à la rue, la partie habitation et, dans l'aile orthogonale, un garage et un bureau au rez-de-chaussée ainsi qu'une cage d'escalier.

« La géométrie du volume extérieur traduit plastiquement le caractère enveloppant qui est le propre du plan en «L». Le mouvement de la toiture, qui prend le départ au point bas du garage et couvre l'étage, se trouve opposé au mouvement renversé de la seconde toiture qui couvre la porte d'entrée et remonte jusqu'au point haut de l'atelier. » La Maison, n° 12, 1965, pp. 411-412.

La seule ouverture visible du côté rue est une fenêtre qui permet à la lumière de pénétrer dans le couloir des chambres, illuminant l'étage dans toute sa hauteur. Ce détail apparemment insignifiant sert en réalité à transformer toute la façade en une sorte de peinture abstraite. La fenêtre relie le toit supérieur au toit inférieur. Elle s'accorde avec la cheminée haute et sombre qui se découpe dans le ciel entre le volume de l'étage supérieur et celui de l'atelier.

À l'arrière, la maison s'ouvre vers le sud sur un paysage horizontal; la façade sud est moins expressive, produite de l'intérieur sans l'énergie et la tension de la façade côté rue. L'aspect compact de la construction accentue le caractère protecteur exprimé par Dupuis non seulement vis-à-vis de la rue et du voisinage, mais également vis-à-vis du paysage à la fois agréable et privé de points de référence. C'est d'ailleurs pourquoi la terrasse des espaces de séjour sera délimitée par un haut mur oblique venant voiler la vue sur les champs. Quelques années plus tard, ce mur sera en partie démoli.

La scénographie de l'entrée est très raffinée. Dupuis joue librement avec les éléments de l'architecture en créant des tensions délicates entre eux, valorisant le geste de l'entrée au point de faire ralentir nos pas, ravis par la mise en scène. Le rez-de-chaussée accueille les fonctions de séjour, cuisine, bureau et atelier de peinture. L'atelier joue un rôle moins important dans la composition, il communique avec le salon sans aucun filtre, formant un vaste espace unique. Toutes les pièces sont orientées au sud, y compris l'atelier dans lequel on remarque deux fenêtres en forme de bandes tout le long de la façade du volume qui l'abrite.

Au premier étage, la partie destinée aux chambres est organisée de manière fonctionnelle, sans présenter d'incidents particuliers dans l'espace. L'armoire encastrée dans le mur du couloir est le seul élément venant définir l'espace à travers l'alternance de l'émail blanc et noir sur les portes. •

Crédit photographies :
1-2-3- Lefrancq, archives Jacques Dupuis;
4- Archives Jacques Dupuis.

JACQUES DUPUIS

HABITATION-ATELIER SPINETTE  [1962 › 1963]
1/4Spinette, Jacques Dupuis© Lefrancq, archives Jacques Dupuis

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HABITATION-ATELIER SPINETTE  [1962 › 1963]
2/4Spinette, Jacques Dupuis© Lefrancq, archives Jacques Dupuis

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HABITATION-ATELIER SPINETTE  [1962 › 1963]
3/4Spinette, Jacques Dupuis© Lefrancq, archives Jacques Dupuis

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HABITATION-ATELIER SPINETTE  [1962 › 1963]
4/4Spinette, Jacques Dupuis© Archives Jacques Dupuis